*
Place éminente accordée à Descartes par Husserl (salue le "plus grand penseur français") et
Heidegger - qui reprend Descartes pour critiquer
Husserl (son maître) qui serait, selon lui,
trop cartésien. Il y a donc un
conflit dans la phénoménologie.
* Deux courants majeurs >
-
Sartre/Ricoeur : phénoménologie reste
fidèle à son enracinement cartésien (le réitérer et le radicaliser).
-
"Tournant des années 30" :
rupture avec cette philosophie subjective (
<> sujet ; <> ego).
De quel côté est Lévinas ? Dans quelle mesure est-il fidèle à Husserl ?
* Cogito husserlien et sa
critique du cogito cartésien :
Husserl se veut un
néo-cartésien, il veut
fonder une science et
recherche une certitude apodictique première (mise entre parenthèse du
monde objectif (époché) qui est une
"simple prétention à l'être").
- Pour Husserl, le
cogito cartésien est un contresens provenant de la
confusion entre le transcendantal et le réal (attitude naturelle) : définition de l'ego comme point de départ de déduction selon le principe de causalité.
Seulement
l'épochê cartésienne ne s'applique pas à l'ego cogito lui-même (en tant que parcelle du monde), et donc ne permet pas de dégager le cogito transcendantal : d'où un
échec à distinguer l'ego transcendantal et l'ego psychologique/psychique.
- En laissant l'
ego soumis au principe de causalité, Descartes reste enraciné dans le monde.
*
Lévinas reprend justement cette dernière analyse, en soulignant que
l'existence de la conscience ne doit pas être comprise comme une partie du tout/monde (<> chose/objet) ainsi que le fait la psychologie.
*
Sartre reprend la critique husserlienne de Descartes en la radicalisant et en la retournant finalement contre Husserl :
Husserl réinscrit l'ego au coeur de la subjectivité transcendantale, par une transcendance au sein de l'immanence.
- En restant fidèle aux
Recherches Logiques,
Sartre affirme la transcendance de l'ego : impersonnalité/anonymat de la subjectivité transcendantale ("l'ego n'est pas un habitant de la conscience").
- Selon lui, Husserl a décrit le
cogito d'un point de vue réflexif alors qu'il
doit être pré-réflexif (pas de "je" dans le "je pense" :
le statut réflexif est dérivé du pré-réflexif).
-
Triple erreur de Husserl :
.
Confond le
cogito tel qu'il se donne à la réflexion et le cogito pré-réflexif.
.
Confond ce qui relève du
champs transcendantal de l'expérience et ce qui appartient au monde réel.
.
Confère à la subjectivité transcendantale le mode d'être du psychique en tant qu'objet réal.
- Sartre reste attaché au cogito (et donc à Husserl), et s'oppose à Heidegger, qui manque la présence à soi.
* Lévinas et la place du cogito ? Y a-t-il un cogito chez lui ? (il rend aussi hommage à Descartes et Husserl)
- Avec la
conscience non-intentionnelle,
Levinas forme un contre-cogito (un cogito pré-réflexif pourtant différent de Sartre) permettant de critiquer le cogito et l'ego-cogito. Le
cogito est lié à une
pensée dont l'unité fonde un savoir systématique ("pensée qui a raison de toute altérité"), et qui reste alors en elle-même (pensée athée).
- Ce
cogito pré-réflexif n'est pas une conscience au sens de savoir de soi, il est
passivité pure (en tant qu'il diffère de tout acte et qu'il
précède tout acte ; il est sans l'avoir choisi ; conscience jetée dans un monde donné).
- Pour
Descartes, le
sujet se pose au nominatif alors que pour
Levinas, il se pose à l'accusatif (la conscience est à) pour le non-intentionnel : exprime le
caractère non justifié de la conscience sur la terre, elle est étrangère, apatride (
de là elle est mauvaise conscience, indépendamment de toute faute). Elle est anonyme, dépourvue du "masque protecteur du personnage", du "moi" (elle y est antérieure) - la
conscience intentionnelle est bonne conscience, car elle s'efforce de persévérer dans son être.
* Pour
Sartre : comme la conscience n'a ni choisi d'être, ni de ne pas être, personne n'a le droit d'exister (le salaud est celui qui a le droit).
* Cette
conscience non-intentionnelle émerge elle aussi
d'une épochê (de la conscience intentionnelle) : "Derrière l'affirmation de l'être persistant analytiquement ou animalement dans son être, la merveille du moi revendiqué par Dieu dans le visage du prochain, la merveille du moi débarrassé de soi est ainsi comme la suspension de l'éternel et irréversible retour de l'identique à lui-même et de l'intangibilité de son privilège logique."
* Pour Husserl, le "Moi pur" est la merveille des merveilles : le flux du vécu abrite le cogito et toutes les sources de constitution du monde et des hommes.
- Pour
Lévinas, le moi haïssable est le moi du cogito interrompu dans sa persévérance ontologique par la crainte pour autrui (c'est la merveille : mise en question du même par l'autre) : trouble éthique de l'être (pensée non intentionnelle de l'insaisissable est acquise : conscience non intentionnelle).
* Source :
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1211