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 Individu, individuation (l'individuation comme processus ou opération) - par Fargot-Largeault

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Erwann Bleu

Erwann Bleu


Messages : 21
Date d'inscription : 12/12/2008

Individu, individuation (l'individuation comme processus ou opération) - par Fargot-Largeault Empty
MessageSujet: Individu, individuation (l'individuation comme processus ou opération) - par Fargot-Largeault   Individu, individuation (l'individuation comme processus ou opération) - par Fargot-Largeault EmptyJeu 26 Fév - 18:57

* Trois philosophes :
- Aristote (l'individu est une substance).
- Whitehead (l'individu est relationnel).
- Simondon (étudier ce qui dans l'univers fait advenir des individus).

* L'individu est généralement un être vivant (selon le modèle traditionnel) répondant à 3 caractéristiques :
- Unité : il forme un tout, si on le démembre, il n'y a plus d'individu.
- Unicité : les individus ne sont pas interchangeables (ils sont différents) alors que les électrons sont interchangeables.
- Reste le même à travers les changements.

Or, qu'est-ce qui assure cette continuité dans les changements ?

* Pour Aristote, c'est une continuité substantielle provenant du substrat de l'individu (par exemple la tentation du génome).
Cette attitude classique est aujourd'hui erronée, d'autant que les textes d'Aristote sont contradictoires : ainsi il dit que le substrat est la forme, ou bien qu'il est la matière, ou bien encore qu'il est les deux (l'interprétation classique dit seulement que la forme assure la continuité et la matière est le principe qui divise, diversifie).

* Whitehead dit que l'individu change tout le temps au cours du devenir : le processus est le sujet en train de faire l'expérience de lui-même (or l'instant périt aussitôt, remplacé par un autre acte, etc.) - la continuité est ainsi toujours à reprendre.

* "L'individu est le véritable être de la nature et le seul" (Lachelier) : la forme permet la définition mais par la généralité (espèce, genre...), on ne cerne jamais l'individualité ; par autopsie de la matière, on en arrive aux éléments premiers.

* Selon la doctrine standard, nous connaissons par concept, et non par la matière - doctrine malmenée au cours du temps :
- Thomas d'Aquin défend l'idée que c'est le corps/matière qui individue l'âme (l'âme restant individuée à la disparition du corps).
- Leibniz, lui, défend l'idée que l'identité se fait par l'âme car le corps change tout le temps.

Deux doctrines diverses toutes deux inspirées par Aristote.

* Histoire de la notion d'individu (Simondon) :
- N'est pas aristotélicien.
- Réfléchit sur la morphogénèse.

. Trois périodes selon lui :
1). Cosmogonie (raconter comment le monde a été engendré), par les philosophies très anciennes (présocratiques, Platon, stoïciens).
- A engendré deux types de philosophie de la nature qui sont celles, d'une part des présocratiques/Platon/Stoïciens (s'occupent de savoir comment les êtres ont été produit par la nature et quelles ont été les forces ayant permis cette individualisation d'êtres - la nature est conçue comme dynamique et il existe quelque chose qui précède les individus, le "pré-individuel"), d'autre part, Aristote (se détache de la cosmogonie - les individus sont donnés, on ne se préoccupe pas de ce qu'il y a avant ; l'univers est un tout ordonné dont il faut trouver le plan et la fonction des individus dans le tout sans se préoccuper de la genèse).

2). Renaissance et 17ème.
- Apparition de grandes individualités (Bacon, Descartes...) lançant l'idée que l'individu comme sujet pensant est un principe d'universalité pouvant reconstruire le monde dans sa tête par la raison et le maîtriser. C'est la gloire d'un certain type d'individu rationnel (un sujet) pouvant atteindre l'universel - avec les encyclopédistes, la raison devient l'instrument du groupe.

3). 19ème.
- Suite aux révolutions et à la république, l'individu est au service de la collectivité (naissance des Sciences Humaines, de la théorie de l'évolution et de la théorie des champs en physique).
- "Aspect paradoxal de l'être individuel" : ambivalence et dualité interne. L'individu se pose ce problème en lui-même et pour lui-même, il porte en lui quelque chose de plus vaste, de pré-individuel (le sujet est l'être individué + la charge de la nature). Il est partagé en lui-même (s'unifie et se dédouble constamment), et ce dilemme ne se résout qu'en plongeant dans le groupe (où l'individu perd de son importance).
- La culture technique est émancipatrice et facilite l'individuation des hommes. C'est une structure socio-économique qui les rend esclaves de la machine (mais pas la machine elle-même).

* La thèse de Simondon est qu'il n'y a pas que des individus (contrairement à ce que croient Aristote et la tradition), il y a du pré-individuel. Etudier le devenir, c'est se donner un monde riche d'énergie et chercher comment cela fait émerger des individus ou des êtres en cours d'individuation ou des zones d'individuation (par un processus au sein du monde informe ; étudier le devenir n'est pas étudier son influence sur les individus) : il y a une ontologie du devenir (être c'est devenir), devenir d'individuation de l'être.
- Sa méthode consiste à dire que l'individuation est une opération et un processus réel dont nous n'avons pas l'intuition (<> Bergson) ni de connaissance directe (puisque nous ne sommes pas dedans).
- Le processus de l'acte de connaissance est lui-même une individuation (se passe en nous), il est une opération individuante. La connaissance analogique de l'opération réelle d'un processus d'individuation est la seule connaissance qui vaille (on suit ce processus via l'acte de connaissance qui y est mis en parallèle) : légitimité et fécondité de la démarche analogique - c'est le phénomène de transduction (<> induction/déduction).

* Comment d'un fond indifférencié quelque chose se forme devant nous ? La forme, dans le milieu indifférencié, prend en un point local (le germe) puis la forme se propage et cette opération de propagation est l'opération transductive :
- L'idée d'un inventeur s'étend en portée après l'avoir travaillée et retravaillée.
- La cristallisation (sel dans l'eau) se fait en un point, puis ça prend et s'étend.

* Cette cristallisation provient d'une sursaturation (ça peut prendre n'importe quand en n'importe quel point) :
- Un cristal se forme (c'est la rupture) : des atomes ont localement trouvé à s'emboîter, mis en résonance (harmonie).
- Structure cristalline gagne de proche en proche : l'information (prise de forme/un sens est né) se propage et le cristal s'individualise (l'eau est autour du cristal).
- L'individu apparaît dans son milieu, et le couple matière/forme n'est qu'à la fin du processus.

* Mais le vivant a une intériorité (<> objets physiques) par sa membrane et il n'est jamais complètement stable mais toujours en cours de stabilité (<> objets physiques).
- L'inventeur se met lui aussi dans un état métastasique (eau + sel) en s'immergeant/familiarisant avec son "milieu", jusqu'à trouver une harmonie résolvant les tensions - la différence est que l'inventeur reste extérieur à son invention alors que le vivant se modifie et s'invente lui-même.

* Plusieurs niveaux d'individuation :
- Physique.
- Êtres vivants (s'individue de plus en plus - de l'embryon à l'âge adulte).
- Psychique.
- Transindividuel.

Le psychique et le transindividuel ne forment en fait qu'un niveau car la construction de l'individu psychique se fait de manière complémentaire à la construction collective (relativisation de l'individualité ; l'acte est le propre de l'individu).

* Apparition du psychisme, qui permet de résoudre des problèmes vitaux mais provoque aussi un embarras en voulant agir sur l'organisme (ralentisseur de vie - ainsi le cachet que l'on prend pour se guérir, au lieu de laisser l'organisme régler cela) et ce qui est ralenti/brouillé doit s'exprimer/sortir ailleurs, c'est-à-dire dans le transindividuel/collectif (le psychisme s'épanouit dans la relation à autrui).

* Deux conclusions :
- Epistémologique, car il n'y a de connaissance que de ce qui est individuel (car structuré) bien qu'il y ait toujours un résidu pré-individuel d'où sort le mécanisme créateur.
- Ethique, car la prise de forme fonde une normativité naturelle mais qui inspire une normativité dans le monde (la nature nous guide dans nos jugements moraux).


* Source : http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/phi_sci/cours5.htm
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